"Une plume de courage parmi la peur..."
Le contrôleur m'avait donnée une longue plume rouge , je regardais autour de moi une fois celui ci parti le train s'était arrêté sur un immense océan...j'avais eu trop peur pour être gênée par le bruit tonitruant qu'il avait fait...Je regardais la plume avec nostalgie oui une plume...

Je la rangeais dans ma poche et me levais appuyée sur ma canne, des gens étranges m’accueillirent quand j'arrivais à un premier bâtiment, perdue sans un mot je les suivis on essaya de porter mon sac à main pour moi mais je refusais en le remettant vivement sur mon épaule .

J'arrivais à la chambre et épuisée je m'écroulais sur le lit … Une plume...

* J'étais sortie dehors après une attaque , papa n'était pas là ...Je devais aller à l'école ...J'avais sept ans , je riais sur le chemin poussiéreux. Soudain je m'arrête devant moi un militaire crie...Des enfants lui lancent des pierres...

Je pense en voyant un de mes camarades : * Il ne va pas à l'école aujourd'hui ?*

Je me demande si Allah serait content de ce comportement...

Tétanisée je n'ose bouger...

Je ne connais pas bien ce camarade, il a toujours de bonnes notes en Histoire...Il arrête pas de dire que pour le peuple d'Allah il faut se sacrifier contre les ennemis...que c'est permis...Que comme ça on ira au paradis ! Moi je ne veux pas aller au paradis ...Je veux juste vivre ! Mais le maître est plus d'accord avec ce garçon qu'avec moi d'abord...

Je m'arrête et si aujourd'hui je n'allais pas à l'école...Je pourrais ramasser des plumes et en faire un bouquet pour papa !

Je souris délaissant mon camarade du regard ...je cours cours sur le chemin et arrive à un champs de terre , dessus des plumes...Normal c'est l'endroit préféré de chasse des chats du quartier ! Je ramasse les plus belles avant d'entendre soudain un bruit au loin, un hurlement...

Je cours sur le chemin cours cours très vite !

Puis j'arrive, devant moi, le militaire de tout à l'heure donne des coups de crosse à mon camarade qui crie !

La mère arrive en pleurs et hurle elle aussi ! Je m'élance je n'ai rien d'une super héroïne, grand-frère lui était un héros ! Mais je ne peux le laisser ainsi mais le militaire s'est déjà lassé et laisse mon camarade à terre en partant.

Le militaire est blessé aussi il a une grosse plaie à la tête probablement une pierre... Je ne comprends pas où sont les bons et les méchants....

Mais je comprends que mon camarade se trompe mais qu'il n'est qu'un enfant ! Que peut-être on le trompe avec les cours d'école, qu'il ne méritait pas ça...Où est le bien où est le mal ?

Je m'approche retenant mon souffle...

Il se relève et la mère me regarde froidement...

« Je suis désolée j'ai... j'ai eu peur...Je n'ai pas pu te sauver ! » balbutiai je …

Il me crache soudain dessus et crie :

« Tu devrais nous soutenir , lancer des pierres aussi ! Tu devrais comprendre mais à la place tu ...tu tu es des leurs ou quoi ? »

Je porte la main à ma joue humide du cracha... et tente de retenir mes larmes...

Pour qui suis je ? Je ne suis qu'une enfant tout comme lui on ne devrait pas nous embêter avec tout ça !

« Je ne suis pour personne ! » m'écriai-je .

« Allah aurait honte de toi ! » vocifère mon camarade en partant en courant le dos ensanglanté.

Je le regarde toutes mes belles plumes d'oiseaux sont tombées à terre. Fichu...Fini...

« Quelque chose ne va pas petite ? »

Je me retourne un jeune garçon, il ressemble à grand-frère mais il est habillé en militaire...Je ne reconnais pas de quel uniforme tant mon regard se brouille de larmes...

« Non non... Non...Je ne veux pas que quelqu'un ait honte de moi ! » balbutiai-je en reculant tremblante.

Son sourire se transforme en air inquiet mais moi j'ai peur alors je cours cours à l'école passant devant des gens en haillons et des gosses qui fouillent dans les poubelles moi j'ai de la chance d'aller à l'école !

Je cours encore et passe devant un coin de rue où une femme hurle !

J’accélère l'allure et finis par arriver à l'école où le maître fait son habituel discours. Je frappe à la porte de toutes mes forces et je me reçois une gifle , le maître crie qu'une attaque va recommencer qu'on doit tous rester à l'intérieur...dehors on entend des coups de feu...des hurlements j'en ai la nausée, je vomis...Le maître me gronde et soudain je retiens un hurlement…

Sur la vitre de la salle du sang avait giclé...la classe fait silence...

Le lendemain on enterra un de mes camarades qui jetait des pierres dans la mêlée des coups de feu alors qu'on se disputait la ville...peu importe le camps qui avait attaqué en premier selon moi. Il était mort ...Je ne lui en voulait même plus de sa colère...L'école n'intéressait pas les combattants ...Cette école si petite et si pauvre...non mais non loin de l'école il y avait eu un mouvement de foule...des deux cotés...mêlés de militaires dans la mêlée parmi le reste et chacun avait l'envie de tuer l'autre...ou de prendre du pouvoir sur lui ce qui revenait à peu près au même...C'est ce que je comprends en y réfléchissant à présent...même si le maître avait dit à la classe traumatisée que il était heureux à présent moi j'en suis pas sûre...
Il avait sept ans ….

Le soir alors que je rentre je ne cours pas j'ai le cœur gros soudain je marche sur une plume d'oiseau et je la regarde et souris...

Je la ramasse je ferai encore plein de bouquets de plumes et un jour ils illumineront l'endroit où je vis de joie et de rire !*

J'ouvre les yeux et m’aperçois que je me suis assoupie. Un souvenir...parmi tant d'autres...

J'ai la plume rouge contre mon cœur oui ici ce sera mon guide ! Comme les plumes là bas mon plus beau trésor ! Je souris . Je me souviens juste que des gens étranges m'ont guidée jusqu'à cette chambre...Je n'ai pas l'habitude d'un lieu si luxueux même dans la maison ou j'étais en France ce n'était pas aussi soigné !

Je grimace me souvenant soudain de cette opération du cœur. Pour bientôt..

Je regarde la plume déterminée :

« Au fond ça n'a pas d'importance si je n'arrive pas à faire rire tout le monde tant que je ne me découragerai pas ça ira ! Puisqu'au moins moi j'espérerai ! »

La plume est si rouge si belle mes mains tremblent j'ai peur de la briser alors délicatement je la pose sur le lit oh pas trop loin histoire de ne pas la perdre !

Je regarde le plafond avec le lustre et le papier peint jaune et rouge comme dans un grand palais...

« Mais voilà j'ai peur... »

A cette phrase la porte s'ouvre ! Je sursaute et brandis ma canne en ramassant la plume de l'autre main toujours en alerte !

[ HRP : Tout le monde est le ou la bienvenue ^^]

*J'ai peur ...*

Oui mais de quoi avais-je peur?De tout retrouver, ou au contraire de tout perdre?Serrant mon sac contre moi j'entrais dans l'hôtel, des hommes me proposèrent de l'aide mais je refusais. Ils m'emmenèrent dans ma chambre, mais même là je n'étais pas à l'aise. Où suis-je?Comment suis-je arrivée ici?Je n'en avais aucune idée, mais ce médaillon... Oui ce médaillon avec la pierre rouge, rouge comme le sang, rouge rubis... Rouge... Il m'intriguait...

Mes pensées n'étaient pas très cohérentes je le savais, mais bon de toute façon j'étais folle et c'était normal que les fous aient des pensées non cohérentes n'est-ce pas ? Je m'écroulais sur mon lit, collant mon sac contre ma poitrine. Dans ce sac... Ce pull encore tâché de sang... Maman. Cela faisait combien de temps que je n'avais pas penser à elle?Très longtemps... Tellement longtemps... Maman... Son sourire me manquait, sa voix me manquait... Elle me manquait.

*J'ai peur ...*

Et maintenant que devais-je faire?Commencer par laver mon pull peut-être, oui... Je me redressais sur mon lit, dirigeant mon regard vers la porte attelée à ma chambre. Je m'y dirigeais d'un pas incertain, et l'ouvrit lentement. C'était une salle de bain tout ce qu'il y avait de plus normale, avec son carrelage blanc, sa douche et son évier. Je sortis mon pull du sac, détournant le regard lorsque je vis les grandes tâches de sang imbibé dans la laine. Je me mis à le frotter à la main, refoulant mes larmes. Cette fois je ne pleurerais pas, ce n'était pas moi, ce n'était pas ma faute, pas ma faute !

Je le laissais ensuite trempé dans l'eau chaude, prit une grande inspiration et sortit le médaillon, l'étudiant plus attentivement. Il était magnifique, brillant à la lumière avec sa pierre rougeâtre au milieu. Je soupirais, le remit précieusement dans ma poche et sortit de la salle de bain puis de ma chambre. Je mis mes mains derrière mon dos et me mis à avancer un peu au hasard dans l'hôtel, le visitant sans vraiment le regarder.

Je passais devant une chambre au rez-de-chaussée, lorsqu'un « Mais voilà j'ai peur... » me fit sursauter. C'était la voix d'une jeune fille, 10 ou 11 ans probablement. Intriguée, je me tournais vers la porte et hésitais un moment. Elle aussi elle avait peur?Je n'étais pas du genre à aller chercher du réconfort chez autrui, cela mettait toujours leurs vies en danger, mais... Sans réfléchir plus longtemps, je tournais la poignée et entrais sans frapper. Je manquais vraiment de politesse. La jeune fille, surprise, brandie sa canne vers moi en serrant une plume rouge sang contre elle, en alerte.

Mon regard se fixa sur la plume alors que mon regard se fit sombre. Pourquoi voyais-je toujours du rouge partout, sans cesse?Pourquoi me rappelait les crimes que je commettais, qu'elle commettait?J'en étais consciente, je savais que c'était mal et que cela faisait souffrir mais je n'y pouvais rien... Je secouais lentement la tête et sortit le médaillon de ma poche en silence, car je ne savais tout simplement pas quoi dire. Les relations humaines et moi, ça faisait deux.

*J'ai peur ... Mais qu'est-ce que je fous là ?*

Ça, c'était une très bonne question, qui restait sans réponse.

Fais un vœu !
Il fut un temps où je n'avais pas peur...Vous devez trouver ça étrange moi qui ai toujours vécu dans la guerre et la souffrance....Mais avant le départ de grand-frère et le scellage de ma promesse en mon cœur il était toujours là pour chasser les ténèbres alors même si parfois je pleurais de terreur ce n'était pas vraiment de la peur puisque j'étais presque aussitôt rassurée par sa voix, son regard et ses bras.

La peur celle qui vous ronge sans vous laisser de répit je devais la connaître plus tard. Et à présent qu'elle est installée elle ne veut pas partir et fait même vaciller ma promesse de garder la tête haute ! Elle me fait me méfier de tout...

Quand je suis arrivée en France, les autres enfants me regardaient avec de grands yeux comme si ma seule vision les perdait...Je me suis sentie à part mais dans le bon sens moi je savais ce qu'était la vrai douleur ...Et je jouais quand même et je dessinais quand même ! J'étais fière de moi de rester fière ! J'avais neuf ans mais la force d'une tigresse !

Mais quelque chose clochait dans ce cadre idyllique il manquait Itari mon grand-frère ! Il n'était jamais revenu … Et il ne reviendrait jamais … Il n'existait que par cette promesse si fragile de ne pas se décourager. Alors je ne me décourageais pas ! Fièrement je portais mon sac...je faisais mes devoirs ! Je lisais et dessinais ! Je marchais avec ma canne regardant le monde de haut personne n'allait me faire du mal ! J'étais une lionne , j'étais ...une enfant...Et je le suis encore...

Cette perspective me sauta aux yeux quand on essaya de m'expliquer l'opération, tout le monde disaient que tout allait aller bien avec un grand sourire mais je les sentais nerveux. Je regardais alors sur internet et put y voir ce qu'était exactement cette opération. Je refermais le site...Pourquoi m'avoir menti ? J'avais vécu les pires horreurs et ils me traitaient encore en enfant ! De rage je jette mon carnet de croquis au sol puis j'entends la dame de ma famille d’accueil appeler à dîner je décidais de ne pas y aller et passais par la porte de derrière et là à dix ans commença ma grande aventure.

J'ai dix ans cela fait à présent quelques heures que je suis entrée dans ce monde étrange .

Et me voilà brandissant ma canne face à une jeune fille qui semble tout aussi perdue que moi ! Elle ne paraît pas dangereuse la fille qui vient d'entrer, peut-être plus vieille que moi je dirai douze ans ou treize ans mais pas plus car comme moi elle a un corps d'enfant même si elle me dépasse en taille moi qui n'ai que dix ans, oui deux-trois ans de plus me semble bien. Elle a deux petites tresses châtains très mignonnes et des yeux oranges qui semblent effrayés. Est ce ma canne qui provoque cet effroi ? Je la pose sur le lit dans un sourire.

Elle regarde ma plume la jeune fille qui vient d'entrer avec un regard qui semble triste et toujours apeuré. Elle sort un médaillon circulaire orné d'une pierre rougeâtre de sa poche en silence.

Mes yeux pétillèrent de joie.

« Alors toi aussi tu as un trésor ! »

Je me levais à l'aide de ma canne et m'approchais d'elle en brandissant fièrement ma plume.

«  C'est le contrôleur qui me l'a donnée elle est belle n'est ce pas ? »

Je ris contente qu'aucune insulte de sa part n'ait encore jailli...C'est que même quand on est brave c'est fatiguant d'être sans cesse mis à part.

Je bougeais le bras qui tenait la plume en riant enfantinement :

«  Regarde on dirait qu'elle vole ! »

Je regardais ensuite le médaillon avec intérêt.
« Tu devrais le cacher tu sais là où je vivais ils y en a qui te tuerait pour le revendre ! »

Soudain la pensée qu'elle pusse avoir peur de moi vint alors je m'empressais d'ajouter :

« Mais moi... je pense pas pareil et l’instituteur me punissait souvent pour ça... Grand-frère aussi pensait pas pareil mais c'est dur de pas penser comme tout le monde dans mon pays ... »

Là mon regard s'assombrit et je murmure :

«  Car dans mon pays on peut t'apprendre souvent à tuer ! »

Pour la première fois depuis longtemps j'évoquais ma vision de la Palestine avec des mots durs dans ma bouche enfantine et une certaine amertume...Grand-frère reviens s'il te plaît ne me laisse pas seule...Voilà ce que l'enfant que je suis priais chaque nuit mais je savais ce rêve impossible alors je me suis souvenue d'une fois :

«  Une fois grand-frère a dit : Livi tant que tu espéreras comme d'autres enfants la Palestine sera un pays de courage et d'espoir malgré la souffrance ! Je sais que c'est dur mais tu dois toujours penser par toi même tu comprends ? »

Je souris à la jeune fille :

«  Je n'ai pas bien compris je n'avais que trois ans et demi ! Mais c'est resté gravé en moi ! Peut-être que sans grand-frère je ne serai pas ce que je suis ! »

Mon regard s'assombrit de nouveau :

« En tout cas j'ai abandonné le rêve que Grand-frère revienne mais tant que je ne me découragerai pas il sera là à travers cette promesse ! Alors je rêve à présent d'affronter l'avenir...C'est ça mon rêve... »

Je me retins de parler de l'opération ça faisait trop peur trop mal, même si cela aussi je voulais pouvoir l'affronter.

Je souris à la jeune fille d'un beau sourire enfantin :

« Tu n'as pas à avoir peur de moi de mon pays ne naît pas que la souffrance et la haine il y a aussi l'espoir et je crois que j'ai plutôt hérité de l'espoir et du courage malgré la guerre que de l'autre face alors ne t'en fais pas je ne te ferai pas de mal ! »

Je souris encore plus fort et dit comme pour la rassurer en tapotant la place à coté de moi sur le lit :

«  Allez viens t’asseoir ! C'est la première fois qu'on ne me voit pas comme bizarre à cause de mes jambes ou mes origines ! Je suis contente ! »

Je souris fermant les yeux réellement heureuse.

Peut-être aurai-je ma première amie ici ? Et d'ailleurs qu'est ce ici ? J'ai encore le temps d'y réfléchir ! Pour l'instant faire connaissance !

«  Je m'appelle Livi Amidia et j'ai dix ans et toi ? »

Ma petite bouille enfantine exprimait l'interrogation suite à cette question. J'avais parlé tout du long en arabe maîtrisant encore moyennement le français et l'anglais et oubliant dans toute mon enfance que tout le monde ne connaissait pas cette langue. Enfin il m'avait semblé parler dans ma langue d'origine mais la jeune fille semblait comprendre tous mes mots...mais j'ignorais encore que la barrière des langues n'existait pas dans ce nouveau monde et que chacun se comprenait peu importe sa langue parlée. Alors je balbutiais dans ce qui me sembla être de l'anglais maladroit mais peut-être que je n'avais pas changé de langue peut-être que je parlais la langue de ce rêve sans m'en rendre compte :

«  Mais … Tu as compris ? Moi Livi ! »

J'étais toute rouge d'avoir autant parlé dans une langue que je croyais qu'elle n'avait peut-être pas compris selon moi.

[ HRP : Voilà ^^]

La gamine semblait déjà plus calme. Elle ne devrait pas en fait, elle devrait se méfier, en fait je devrais partir de cette chambre, j'avais peur bien trop peur de lui faire du mal!Oui mais voilà je suis une humaine, une simple humaine et comme tout humain j'avais besoin de relations, même négatives... D'ailleurs les négatives ne devaient sûrement pas se terminer très bien. Je frissonnais à cette pensée et suivit la fille du regard. Elle s'était levée à l'aide de sa canne. Maladie peut-être?Allez savoir. Et à vrai dire, je m'en fichait pas mal.

« Alors toi aussi tu as un trésor ! »

Mais pourquoi est-ce qu'elle brandissait sa plume aussi fièrement?Sincèrement, je ne comprenais pas les enfants. Qu'est-ce qu'il faisait pitié avec cette lueur d'innocence dans le regard, et leurs âmes remplies de rêves... Non vraiment, les enfants ce n'étaient pas pour moi. J'étais beaucoup trop sale pour eux. Je n'avais plus de rêves, plus d'espoir. A vrai dire, je n'en ai jamais vraiment eu, ayant grandis dans un milieu où ce n'était pas permis...

« C'est le contrôleur qui me l'a donnée elle est belle n'est ce pas ? »

Oui bha c'était une plume quoi... Rouge pétant, pas le rouge sang habituel qui était plus foncé, comme tâché de toutes les atrocités commises par l'homme... Je m'égarais là. Et un rire emplit la pièce, je me surpris à penser qu'il était beau, ce rire remplit de joie... Quand est-ce que j'avais ris pour la dernière fois?Plus j'y pensais plus ça me paraissais lointain tout ça. Et ça me faisais... Horriblement peur. La gamine secoua sa plume toujours en riant :

« Regarde on dirait qu'elle vole ! »

Eu... Ouais... Si on avait un tant soit peu d'imagination peut-être... Elle regarda mon médaillon avec intérêt :

« Tu devrais le cacher tu sais là où je vivais ils y en a qui te tuerait pour le revendre ! »

Oh, un pays en guerre je présume. En effet, ça ne devais pas être facile tous les jours là-bas... Moi j'avais de la chance -enfin façon de parler-, j'ai vécu dans un pays stable... Même si mon milieu à moi n'a pas été très aisé j'avais au moins la possibilité de déclarer ça : je viens d'un pays stable. Ouais, je ne pouvais rien dire d'autre de ma vie sombre à souhait...

« Car dans mon pays on peut t'apprendre souvent à tuer ! »

Hum, peut-être pas si gamine que ça en fait... Elle s'accrochait simplement à un espoir même infime d'aller mieux je penses. Une dernière touche d'innocence dans le monde cruel où elle vit... Un moyen d'échappatoire en quelque sorte. Je n'avais rien à dire au final, j'étais pareil.

« Une fois grand-frère a dit : Livi tant que tu espéreras comme d'autres enfants la Palestine sera un pays de courage et d'espoir malgré la souffrance ! Je sais que c'est dur mais tu dois toujours penser par toi même tu comprends ? »

Oui, je comprenais exactement ce que son frère avait essayé de dire... Et en effet c'était dur, tellement dur parfois bien trop dur!Pourtant étrangement ces paroles m'adoucirent un peu... Peut-être parce que je compris à ce moment-là que je n'étais pas la seule à faire couler du sang sur mes mains, peut-être parce que pour une fois je me sentais un peu comprise... C'était assez étrange.

« Je n'ai pas bien compris je n'avais que trois ans et demi ! Mais c'est resté gravé en moi ! Peut-être que sans grand-frère je ne serai pas ce que je suis ! »

Chaque personne nous changeait même un peu, je l'avais compris il y a très longtemps avec maman qui rentrait tard le soir... Elle m'a rendu autonome, sans elle je ne saurais pas quoi faire pour enlever toutes ces tâches de sang sur mes pulls, je ne saurais pas comment faire la cuisine ou changer des draps!Oui les personnes nous changeait énormément.

« En tout cas j'ai abandonné le rêve que Grand-frère revienne mais tant que je ne me découragerai pas il sera là à travers cette promesse ! Alors je rêve à présent d'affronter l'avenir...C'est ça mon rêve... »

En fait... Cette gamine parlait beaucoup trop à mon goût. Pour ne rien dire en plus de cela. Oui bon, je passais un peu pour une méchante là, mais je n'aime pas les pipelettes. Elles m'exaspéraient au plus au point. Et puis bon, elle ressasse le passé, mais ce n'était pas vraiment une bonne chose. Après tout, si elle se trouvait ici, c'est qu'il y avait bien une raison non?Moi-même je ne sais pas encore laquelle, mais bon... Je ne pense pas que l'on soit choisit par hasard.

« Tu n'as pas à avoir peur de moi de mon pays ne naît pas que la souffrance et la haine il y a aussi l'espoir et je crois que j'ai plutôt hérité de l'espoir et du courage malgré la guerre que de l'autre face alors ne t'en fais pas je ne te ferai pas de mal ! »

Hum, elle devrait plus avoir peur de moi que moi d'elle, en fait... C'était bien beau mais elle avait beau vivre dans un pays en guerre, on voyait vraiment qu'elle ne ferait pas de mal à une mouche. Pas que ce soit mal, mais mieux valait se défendre tout de même un peu dans ce monde couvert de sang et de larmes. La gamine tapota à côté d'elle en souriant :

« Allez viens t’asseoir ! C'est la première fois qu'on ne me voit pas comme bizarre à cause de mes jambes ou mes origines ! Je suis contente ! »

Eh?C'était pas mon genre de voir quelqu'un comme bizarre, de toute façon j'étais mal placée pour ne serait-ce qu'y penser. Cependant la proposition me faisait paniquer un peu, et l'envie de partir en courant me prit à la gorge. Et si elle se réveillait à ce moment-là?Non, décidément, c'était bien trop dangereux pour elle. Il valait mieux que je restes debout, histoire de pouvoir m'enfuir dès que je la sentirais s'éveiller. Si elle s'éveillait, bien entendu.

« Je m'appelle Livi Amidia et j'ai dix ans et toi ? »

Bon, au moins comme ça je pouvais arrêter de l'appeler « la gamine », ce qui en soit n'était pas très poli. Oui, j'avais encore quelques règles de politesse en tête, même si cela faisait un moment que je ne les avais pas utiliser. Un long moment. Livi rougit soudainement et demanda :

« Mais … Tu as compris ? Moi Livi ! »

Si je savais encore rire, je l’aurais sûrement fait. Malheureusement j’avais presque oublié ce que voulais dire le mot « joie », donc je ne risquais pas de rire. Glissant mon regard vers elle –toujours debout-, j’articulais mes premiers mots depuis le début de cette rencontre :

« J’ai compris. Moi c’est… »

Et là, hésitation. Devais-je vraiment donner mon vrai prénom ? Je pourrais donner le deuxième, que je n’avais pas utilisé depuis des années. Mais en même temps, j’avais envie de donner le vrai. Parce que j’avais encore un tout petit… Petit… Petit… Espoir de lier une relation durable un jour. Alors je pris une grande inspiration et j’articulais :

« …Egle. Je m’appelle Egle. Et j’ai 14 ans. »

Je ne m’étais toujours pas assise. Mais je venais de faire un premier pas vers un peut-être début d’amitié. Avec une gamine qui croit encore dur comme fer aux rêves, qui parle beaucoup trop mais je m’en fichais. Quelque chose encercla mon cœur, et je compris que c’était de la joie.

«  Egle, j'aimerais devenir ton amie ! »
« J’ai compris. Moi c’est… »

La jeune fille en face de moi hésita pourtant je lui avait dit de ne pas avoir peur de moi ! Je baissais le regard un peu triste avant que mon regard ne brille de bonheur à :

« …Egle. Je m’appelle Egle. Et j’ai 14 ans. » 

Je levais le regard vers Egle toute contente :

« Alors toi aussi tu viens de là bas ? Comment tu as fait pour survivre ? »

Je connaissais le mot «  Eagle » en anglais et ce prénom m'y faisait penser , l'aigle symbole avec le drapeau noir, rouge et vert de la Palestine.

«  Il a beaucoup d'aigles là bas ! Dont un au plumage brun et à la crête blanche sur la tête ! Il fait deux mètres ! En hébreux nècher veut dire aigle et à l'école on apprenait que dans la bible il était un gardien protégeant tous les hommes et un moyen de salut, d'aller vers Dieu ! Le roi Salomon ancien roi d’Israël a enfourché un aigle pour semer la connaissance de Dieu ! »

J'avais récité tout cela comme une table de multiplication en gesticulant beaucoup mais je perdis vite mon enthousiasme. Mon regard s'assombrit et je baissais le regard.

«  Mais tout ça c'est des bêtises selon moi, si l'aigle est un oiseau de Allah, si Dieu existait il sèmerait le bonheur et non la peur...A l'école...On voulait nous apprendre que le salut de Dieu passait par le combat contre ceux qui nous «  opprimaient » mais je ne pense pas que c'est le bon truc...Le bon truc serait de ne pas tuer ...que tout le monde se réconcilie...Je ne veux pas d'un Allah qui pousse à la haine...et partout où je vais on écarte des autres de ce qu'on croit qu'elle que soit la religion ! Au fond ça revient au même...On oublie qu'on est d'abord tous des Hommes ! »

Sans m'en rendre compte mes yeux s'étaient emplis de larmes de rage. Je les essuyais d'un geste. Et lançais un regard inquiet à Egle en levant légèrement le bras pour me protéger mais voyant qu'elle ne me frappait pas pour mes paroles comme l'auraient fait bien d'autres là bas je souris.

« Mais je suis fière de mon pays ! Car là bas il y avait des gens que j'aime alors tu as un beau prénom ! »

Un pâle sourire était apparu sur ma bouille enfantine oui Egle avait un beau prénom !

Je regardais ma plume avec intensité, je reconnaissais certains oiseaux mais celle ci ne semblait venir d'aucun d'eux... C'était très étrange.

«  Tu crois qu'elle vient de quel oiseau cette plume ? »

Je n'avais pas fait attention au fait que Egle ne soit pas encore assise, je m'en aperçus et m'exclamais :

«  Mais peut-être que tu ne veux pas t’asseoir ! »

Je ris d'un beau rire enfantin pas moqueur juste contente de l'avoir compris. Je me levais en m'appuyant sur ma canne.

Je m'approchais de la fenêtre et regardais les alentours en murmurant :

« Tu crois qu'il y a des aigles ici ? Egle ? »

Je ne savais pas pourquoi j'étais ici mais j’avais le sentiment que je devais y trouver quelque chose...Comme on se réveille un matin avec la détermination d'atteindre un but ! Quel but ? Pourquoi ? Comment ? Je ne le savais pas...

Mais ma famille d’accueil ne me manquait pas plus que ça et ma vraie famille n'était plus. Alors ici ou ailleurs.

Je portais ma main à mon cou...le pendentif...Je palis où était-il passé ? Je ne l'enlevais jamais !

«  Le soleil... » balbutiais-je.

Il s'était peut-être décroché en allant vers la chambre je regardais autour de moi et l'aperçus sur le lit.

Je pousse un soupir de soulagement et sous les yeux d'Egle je le remets autour de mon cou.

«  C'est un collier auquel je tiens beaucoup... »

Je m' arrête ! Devais je lui dire ? Ou devais je me taire ? Je décidais de lui faire confiance après tout elle ne m'avait pas frappée pour mon point de vue sur Allah !

« C'est avec la promesse tout ce qu'il me reste de grand-frère ! »

Je fis une pause semblant réfléchir avant de dire dans un nouveau rire enfantin si innocent et généreux :

«  Egle, j'aimerais devenir ton amie ! »

Je rougis soudain fortement et baissais la tête regardant le sol :

« Enfin si tu veux ! »

Je me souvenais encore des poulets de la ferme non loin de chez papa ! Avant qu'elle ne brûle nous allions souvent mon frère et moi y chercher des œufs et je poursuivais ces créatures ailées en riant.
C'était mes premiers souvenirs qu'on ne m'aient pas raconté. Les volatiles fuyaient l'enfant de deux ans que j'étais en caquetant bruyamment.

*Ha Sissan… chou hilwin… âm bidourou
Hawalainhom mabsoutin…*

Je me rappelais cette berceuse que grand frère me chantait sur le chemin du retour et je me mis à la murmurer dans la langue universelle du rêve que je pratiquais sans le savoir en attendant la réponse de Egle comme pour cacher ma nervosité et mon inquiétude :

« Les poulets… trop beaux…
Font la ronde, heureux… »

Je me mis à jouer avec mes mains me tordant les doigts en joignant mes menottes. Ma petite voix enfantine tremblait légèrement révélant ma peur que je réprimais que Egle refuse cette amitié dans ce monde nouveau qui nous ouvrait ses portes. Ce monde étrange où j'avais été en train, ce monde à découvrir pour peut-être se découvrir soi-même.

[ HRP : A toi Egle ^^]

Boum boum, boum boum...

Ce cœur battait encore dans ma poitrine,malgré tout... Que devrais-je faire, que devrais-je dire à cette petite fille qui a juste besoin de réconfort?Rien, je ne pouvais rien dire je n'en avais pas le droit... Je n'osais même pas lui dire que je venais de l'Italie et pas de son pays en guerre...

Boum boum, boum boum...

Avait-il seulement le droit de battre avec tout ce sang sur mes mains?Je ne crois pas non... Je devrais être morte et enterrée avec les autres corps que j'ai fais tombé!Mais tout cela ce n'était pas de ma faute, pas de ma faute... N'est-ce pas?Ce n'était pas de ma faute... Je voulais simplement... Simplement...

Boum boum, boum boum...

Simplement vivre... Le rire de Livi s'éleva dans l'air ce qui me fit relever la tête sortant de mes pensées. Mon regard se posa sur elle, oui si innocente... Au fond j'aimerai simplement être comme elle... Avoir encore l'espoir, un tout petit peu. Je relevais légèrement mes mains, me souvenant du dernier crime qu'elle avait commis... Et comme d'habitude ce pull et ces mains tâchées de sang, encore et encore...

«  Egle, j'aimerais devenir ton amie ! »

Je sursautais et ouvris de grands yeux. Moi son amie?Moi, amie de quelqu'un?Non, ce n'était pas possible... C'était beaucoup trop dangereux pour elle, beaucoup trop risqué!Mais... Je cherchais simplement à me protéger moi-même... Au fond c'était ça... J'étais si égoïste, alors qu'elle était si généreuse et... Innocente!Je fis un pas en arrière, secouant la tête de droite à gauche complètement affolée. Il ne fallait pas... Il ne fallait pas...

Je me cognais contre le lit et tombais au sol. Mais mes yeux ne se détachèrent pas une seconde du visage de la petite, elle semblait si angoissée à l'idée d'un non... Que devais-je faire, que devais-je dire?Je ne savais pas... Mais je ne pouvais pas être son amie je ne pouvais pas...

*NOOOOOOOOON !!! S'il vous plaît je vous en supplie... Je vous paierais en temps et en heure s'il vous plaît !*

Je réprimais un haut-le-cœur. Cette voix, je la connaissais par cœur. C'était celle qui me hantait depuis tant d'années. Ma première... Victime... Lorsque j'étais encore maître de moi-même... Lorsqu'il n'y avait qu'une seule personne dans mon corps... Je fermais les yeux pour essayer de me calmer, me cela ne fit qu'accentuer mes visions. Mon premier meurtre... Il fallait que je sortes. Que je respires. Je me relevais précipitamment et sortit en courant de la chambre.

*Egle j'aimerais devenir ton amie !*

Je frissonnais. Oui, non... Je ne pouvais pas j'allais la tuer sinon!J'arrivais enfin en dehors de l'hôtel, ma respiration était haletante, ma tête me tournait je ne savais pas... Amie amie... Amie... Qu'est-ce que c'était au juste une amie?Pas moi, je ne pouvais pas ressembler à une amie...

Boum boum, boum boum...

Je posais une main sur ma poitrine pour sentir ce cœur affolé battre en moi, et me focalisa dessus. Il me fallut plusieurs minutes pour me calmer et lorsque ce fut le cas j'eus terriblement honte de mon comportement. J'étais vraiment une lâche. Je me tournais de nouveau vers la porte d'entrée, la poussais et remontais vers la chambre de Livi. Je pris une grand inspiration, toqua... Et entra. Je baissais le regard et grommela :

« Je... Je te... Promets rien... Mais j'essaierais... Ok ? »

J'avais vraiment l'impression d'être une gamine là. Si ça se trouve, Livi déteignait sur moi. Je me mis à inspecter les murs de la chambre avec intention, ne sachant pas trop quoi faire. Être amie, ça voulait dire quoi exactement?Que faire, que dire lorsqu'on est une amie?Ah, mais dans quoi est-ce que je me suis embarquée encore...

Boum boum, boum boum...

L'amitié ... danse avec les loups

Je regardais la jeune fille partir en courant...la porte claqua...étais-je si repoussante ? Je restais seule avec ma plume et mes yeux se remplirent de larmes...Une enfant oui j'avais beau tout essayer d'affronter je n'étais qu'une enfant perdue dans un monde inconnu.

J'essuyais mes larmes...qu'avait-je espéré ? J'étais différente...Avec mes jambes en plastique dure et ma canne...Venant d'un pays en guerre je ne mérite que la souffrance !

* Livi ne te décourage pas !*

Oui c'était la phrase de mon grand-frère alors je me décidais j'allais rattraper cette jeune fille ! Je m'approchais de la porte et me la pris sur le visage...Aie …

Je reculais de quelques pas légèrement sonnée.

La jeune fille baissait le regard et balbutia :

« Je... Je te... Promets rien... Mais j'essaierais... Ok ? »

Un grand sourire apparut sur mes lèvres enfantines, j'étais heureuse je pouvais à nouveau danser parmi les champs de mines et les éviter toutes pas une seule ne m'atteindrait car j'avais une amie !

« Alors je peux t'appeler Egle et toi tu m'appelles Livi OK ? »

Je pris la main de Egle et l'emmenais à la fenêtre avant de l'ouvrir et de lever la main que je tenais.

« Ensemble on va réaliser tous nos rêves ! »

Je ris heureuse de ce rire cristallin qui encourage et dis :

«  Tu vois à deux on le toucherait presque le soleil ! »

Oui là haut tout là haut...

J'avais tant d'amitié à donner enfin quelqu'un autre que grand-frère venait en amie et je pouvais rire et sourire avec cette personne. J'avais trouvé une amie...

J'eus soudain une idée, ma minuscule flûte ... que j'avais toujours avec moi...je la sortis de mon sac à main et commençai à souffler dedans ...Un son... puis plus rien...

«  Mon frère m'a appris à tailler des flûtes dans des bouts de bois il disait que le son d'une flûte était le reflet du cœur de tous ceux qui voulaient la paix et accompagnait même les aigles dans leur ciel ! »

Je ris en caressant la petite flûte du bout des doigts.

«  C'est probablement vrai ! La musique est une force qui donne du courage ! »

Je me mis à jouer un air que m' avait appris grand-frère dans la cave si sombre, un air de liberté...

* «  Grand-frère.. J'ai peur ! » avais-je dis du haut de mes trois ans et demi en pleurs.

Dehors, on entendait des explosions et j'avais envie de fondre en larmes.

«  Itari j'ai peur de mourir comme maman à ma naissance » murmurais je terrorisée.

Grand-frère pour toute réponse prit un bout de bois creux à terre et sortit un canif de sa poche alors que je pleurais.

Je restais ainsi inquiète encore dix bonnes minutes entendant d'en bas le bruit des armes puis grand-frère me fit un signe de tête et me dit :

« Je vais t'apprendre un son à la flûte et il te donnera le courage de tenir ta promesse Livi ! »

Il porta la flûte à ses lèvres et le son des fusils semblèrent soudain bien peu important, au dessus de nos têtes on se livrait bataille mais la seule bataille qui comptait à présent c'était de pouvoir entendre cette mélodie.

Mon grand-frère de treize ans et demi me faisait à cet instant oublier tout explosif, chars, et fusils, les habits militaires se transformaient en notes merveilleuses et la cave froide en un cœur qui bat libre comme un aigle dans le ciel !

Il y eut un grand bruit en haut et des hurlements mais plus rien d'autres que la musique n'avait d'importance ! Elle emplissait l'obscurité d'une chaleur rassurante cette mélodie, elle faisait revenir la caresse de ma mère sur ma joue, elle essuyait toutes les larmes et me donnait du courage.

«  Regarde Livi ! Tu mets ton doigt sur ce trou de la flûte puis sur celui ci ensuite sur celui là... » dit soudain grand-frère en s'arrêtant de jouer.

Un bruit en haut de vitre qui se brise je retins un hurlement. Du haut de mes trois ans et demi je m'étais blottis contre Itari qui avait recommencé à jouer la mélodie qui m'apaisait.

Ce soleil dans l'obscurité qu'il me joua et montra encore de nombreuses fois jusqu'à son départ vers mes cinq ans...

A partir de là je me décidais à fabriquer une flûte moi aussi et comme grand-frère autrefois je taillais un petit bout de bois avec le canif de mon père, je faillis me blesser plusieurs fois mais finis par réussir et je reposais le canif près de mon père endormi sur le vieux canapé où dormait papa …

Il faisait nuit et du haut de mes six ans je répétais la mélodie de grand-frère dans ma tête de peur de réveiller et fâcher papa puis le lendemain pour de vrai sur le chemin de l'école, j'étais Livi cette petite enfant dansant parmi les paysages ravagés...*

Je cessais de jouer en m'apercevant que je pleurais...j'essuyais mes larmes...Il me manquait et je me souvins soudain d'Egle et souris...seule ? Non je n'étais plus seule !

«  Egle mon amie est ce que toi aussi tu veux en jouer ? »

Je souris innocemment, un merveilleux sourire d'enfant à Egle du haut de mes dix ans et lui mis la flûte dans les mains.

«  Dis tu veux apprendre à jouer ce morceau ? Je te montrerai où poser les doigts sur la flûte ! »

C'était si simplement doux et rassurant...

L'amitié …

[ HRP : A toi Egle ^^]

J'avais envie de m'enfuir, courir au loin... Pourquoi avais-je accepté cette proposition, pourquoi?Je n'étais pas faites pour être une amie, pour avoir une amie. J'étais déstinée à être seule, et à la rester. J'avais du sang sur les mains, bien trop de sang. Je risquais de la tâcher et de la rendre impur. C'est ce qui me faisait le plus peur ; la souillée du sang de mes victimes. J'ai peur. J'ai peur.

« Alors je peux t'appeler Egle et toi tu m'appelles Livi OK ? »

J'hochais la tête. J'étais incapable de parler. De toute façon il n'y avait rien à dire n'est-ce pas?Elle prit ma main et me tira jusqu'à sa fenêtre avant de l'ouvrir. Elle leva nos deux mains ensemble vers le soleil, c'était comme si on le touchait... Les rayons tombaient sur ma main... C'était chaud...

« Ensemble on va réaliser tous nos rêves ! »

Nos rêves... Moi quel était mon rêve?Retourner en arrière oui... Effacer ce sang sur mes mains, ces cris sur mon âme. Etre comme toutes les jeunes filles de 14 ans, avoir une vie normale... Oui retourner en arrière pour tout changer ! Voilà mon rêve... Et le sien c'était quoi?Je n'osais pas demander même si la question me titillait. Pourquoi m'intéressais-je autant à elle ? Je ne comprenais pas. Son rire emplie de nouveau la pièce. Elle riait souvent.

«  Tu vois à deux on le toucherait presque le soleil ! »

Oui c'est vrai... On touchait presque le soleil... C'était chaud... Je relevais la tête pour regarder le ciel et je souris. Un petit sourire c'est vrai mais un sourire. Le paysage était magnifique, mais je n'en attendais pas moins de ce lieu. Je ne savais pas quel était cet endroit d'ailleurs, mais pour l'instant je m'en fichais. J'avais... Une amie... Et le soleil... Livi sortit une petit flûte et souffla dedans. Un son sortit puis elle reprit la parole :

«  Mon frère m'a appris à tailler des flûtes dans des bouts de bois il disait que le son d'une flûte était le reflet du cœur de tous ceux qui voulaient la paix et accompagnait même les aigles dans leur ciel ! »

Je posais mon regard sur la flûte en bois un peu surprise. Un son de cet instrument voulait dire autant de choses?Ou avait-il inventer tout cela pour rassurer sa sœur?C'était sûrement ce genre de phrases qui l'avait préservé de la cruauté du monde et garder sa pureté et son innocence!J'aurais tellement aimé être comme elle avoir un grand frère sur qui me reposer quand tout allait mal... Livi rit et caressa la flûte du bout des doigts.

«  C'est probablement vrai ! La musique est une force qui donne du courage ! »

Et elle se mit à jouer un air de liberté, moi je regardais le ciel et j'avais l'impression de voler, j'étais cet aigle libre comme l'air qui voletait dans le ciel bleuté... J'étais libre, sans tâche, sans passé pour te hanter... J'étais un bel aigle fier et droit, qui te perçait de son regard... Egle, j'étais Egle, un aigle... Je me laissais bercer par la musique et me souvint que maman m'avait appris à en jouer un peu avant qu'elle ne meure!J'essayais de retrouver ses leçons dans ma mémoire et commença à traduire chaque note donnée par Livi. J'avais parfois du mal, mais je regardais maintenant ses doigts pour savoir où les poser, car la connaissant elle allait me demander d'y jouer après.

La mélodie dura de longues minutes, elle me berçait, je me sentais bien, mes épaules s'étaient détendues pour la première fois depuis de longues années. Elle finit par disparaître et j'aperçus les larmes qui coulaient sur la joue de Livi, cette musique lui rappelait sûrement des souvenirs. J'étais inquiète mais je ne voulais pas le montrer, de toute façon elle avait déjà essuyé ses larmes et elle me souriait.

«  Egle mon amie est ce que toi aussi tu veux en jouer ? »

Et elle me mit la flûte dans les mains. Je lui souris simplement, sans un mot. J'allais commencer à jouer mais Livi croyait que je ne savais pas en jouer -évidemment je ne lui avait rien dit- alors elle me proposa :

«  Dis tu veux apprendre à jouer ce morceau ? Je te montrerai où poser les doigts sur la flûte ! »

Je posais mon regard sur elle et me mit à jouer. Je fermais les yeux tout le temps de la mélodie pour me concentrer sur les notes et où poser mes doigts pour ne pas faire d'erreurs. Ce n'était pas aussi beau et organisé que Livi car c'était la première fois que je jouais ce morceau mais je me débrouillais. La mélodie se termina, je lui rendis sa flûte et lui sourit :

« Merci Livi... Je dois te laisser maintenant... Aurevoir. »

J'aurais voulu la remercier encore plus. Car elle m'avait fair sourire. Car elle m'avait détendu. Mais la peur de la souillée était revenue et me hurlait de m'en aller. Alors j'ouvris la porte, sortit, la referma et m'en alla. Parce que je n'avais pas le droit de faire autre chose. Mais maintenant je pouvais le dire : j'avais une amie, pour la première fois de ma vie.