passé
Je suis née le Premier janvier 2003 en Palestine, Maman est morte des suites de l'accouchement la maison était trop pauvre et l'hôpital trop plein...C'était la guerre mais papa n'arrêtait pas de dire à grand-frère mon aîné de dix ans : « Allah nous a entendu ils vont mettre une feuille de route pour la paix ! » Un truc d'adulte que grand-frère ne comprenait pas ! Lui tout ce qu'il voyait c'était maman mais maman y paraît qu'elle pleurait pas non elle était heureuse malgré la douleur maman à cause de la paix qui n'arriva pas...C'est grand-frère qui me racontera ça bien plus tard...Moi je m'époumonais et maman me chantait une dernière berceuse en arabe ...Comme pour sécher une dernière fois mes larmes...
C'est grand-frère qui s'occupait de moi les deux premières années finalement la paix n'est pas venue disait sans cesse papa, finalement la paix est pas là et papa avait enterré maman et papa avait jeté des pierres sur des gens en costume étrange et papa s'était fait taper...Je m'en souviens pas bien...Je sais juste que grand-frère à fermé la porte et a dit :
« Livi tu ne dois jamais te décourager ! »
Je ne savais pas bien ce qu'il voulais dire du haut de mes deux ans mais je sentais dans ses paroles quelque chose de céleste que rien ni personne ne pouvait nier!
« Itari j'ai peur ! »
« Dépêche toi Livi il faut partir! »
« Itari où est papa ? »
« Il nous rejoindra! »
« PAPA! »
Itari mon grand-frère âgé à présent de quatorze ans me prit par la taille et m'entraîna dans le camion de la croix rouge.
Il y avait eu une attaque et je ne savais pas combien de temps on avait dû rester caché lui et moi dans la cave...J'avais faim et froid comme chaque jour...Du haut de mes quatre ans je ne comprenais pas bien pourquoi papa et Itari étaient de plus en plus sombres chaque jour pourtant des mots revenaient sans cesse dans les conversations autour de moi: « Conflit, guerre, blessés, soldats... »
Des soldats j'en voyais mais je ne saisissais encore pas bien pourquoi ils se battaient papa disait que c'était politique et une histoire de terre à prendre et d'identité à conquérir mais il faut se battre pour être soi ? Un jour grand-frère m'a dit « te décourage jamais » alors je me décourage pas mais je dois dire que j'ai quand même peur là dans le camion avec tous ces gens qui pleurent et crient mais grand-frère est là alors ça va !
Soudain un choc immense je m'écroule dans le camion et tout le monde a peur, moi aussi j'ai peur et j'ai mal à la tête...le camion est arrêté près d'un petit bois sans me laisser le temps de crier grand-frère me dit de courir alors je cours très très vite le plus vite possible sans me retourner à sa poursuite ! On entend un bruit de balle puis le cri d'un bébé cesse.
En larmes je rejoins grand-frère j'ai les genoux en sang, le camion a été attaqué, dit grand-frère.
« Pourquoi ils nous ont attaqué pourquoi ? » dis -je.
Je me mets à pleurer comme j'ai jamais pleurée, grand-frère me secoue en me disant de pas pleurer que je dois être forte que je dois pas me décourager qu'un jour il y aura la paix et que ce sera bien! Il paraît complètement paniqué grand-frère mais ses paroles me rassurent, peut-être que grand-frère il connait Allah peut-être que c'est pour ça qu'il est si fort dedans ! En tout cas je souris soudain et je hoche positivement la tête!
Tard dans la soirée papa nous a rejoint.
Un an plus tard suite à une offensive il y a plein de blessés et de morts ! Papa dit ! Et il paraît encore plus sombre que d'habitude ! Grand-frère me dit d'aller dans la cave !
Je veux pas il fait trop froid dans la cave ! Mais grand-frère veut lui alors j'obéis...J'entends des gens entrer dans la maison...Hier grand-frère a blessé des gens dit un monsieur que j'entends moi derrière la porte de la cave! Il a lancé des pierres il doit aller en prison mais grand-frère il a que quinze ans et d'abord il doit me protéger, et d'abord il est pote avec Allah alors peuvent pas l'emprisonner ! Je veux dire tout ça aux messieurs mais la porte est fermée ...Grand-frère dit qu'il arrive, les gens l'attendront dehors !
« Tu peux pas partir ! » criais-je alors qu'il rentre dans la cave.
Je pleure grand-frère s'accroupit en face de moi...
« Si tu pars tu reviendras pas ! » continuais-je.
Grand-frère ne dit rien il se contente de me caresser la tête...
« J'ai cinq ans je suis pas bête ! » pleurais-je encore.
Grand-frère me regarde alors avec un regard très dur et ces mots résonnent comme une accusation d'un prophète:
« Tu as déjà oublié ? »
Je le regarde sans comprendre mais mes larmes stoppent aussitôt.
Il sort un collier de sous sa chemise et le met autour de mon coup au bout il y a un soleil.
« Quand le soleil renaîtra sur les terres d'orient alors on aura la paix en attendant tiens ta promesse! »
Il pose une dernière fois sa main sur la chevelure brune et mes yeux bleus le regardent.
« Ne te décourage jamais ! »
Je hoche la tête ! Je sais qu'il reviendra à présent mon frère c'est un ami d'Allah !
« Je te confie papa ! Reste à la cave jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de bruit ! »
Je promet d'un hochement de tête !
Il y a des coups de feux et des cris et des pleurs mais je n'ai pas peur.... Je sais qu'il reviendra à présent mon frère c'est un ami d'Allah...
Mais grand-frère ne revenait pas et papa était de plus en plus sec avec moi...Il ne m'adressait que rarement le parole à part pour me donner des corvées cependant quand il y avait une attaque il me disait toujours d'aller dans la cave moi j'avais un peu peur mais grand-frère me revenait à l'esprit et ça me rassurait!
A six ans papa m'envoya à l'école mais je me faisais sans arrêt punir, à l'école ils parlaient d'ennemis à vaincre , de Allah au paradis et de tas de trucs que je comprenais rien mais je compris une chose...Il n'y avait que des hommes ...Car Dieu aurait pas voulu tout ça ! Il aurait voulu qu'on s'aime ! Et grand-frère n'était pas pote d'Allah mais pote des humains ...Une fois je le dis à l'école et le maître me corrigea sévèrement...
Ils parlaient d'ennemis mais le véritable ennemi était dans leur colère...Si tout le monde pouvait être heureux ce serait mieux non ?
J'avais huit ans quand je laissais tomber Dieu ...Peut-être a t'il voulu me punir de tous mes mots qui me marginalisaient à l'école aurais-je pu penser mais en fait non...Car en même temps que le drame un événement heureux arriva!
Un matin je me suis réveillée à la cave tiens c'est vrai papa m'y avait envoyé le jour d'avant...
Je suis montée et j'ai vu papa sur le sol, il dormait peut-être ?
Je suis sortie attirée par la lueur matinale et il y a eu un étrange bruit sous ma chaussure...
Quand j'ai relevé le pied je ne saurai dire la douleur tant elle était immense puis ce fut le trou noir.
Je me réveillais dans un hôpital de la croix rouge il y avait d'autres enfants...Où était papa ?
Je m'affolais un médecin s'approcha il parlait pas ma langue mais il semblait gentil ! J'avais mal très mal et en même temps je ne pouvais plus bouger mes jambes !
Le médecin parlait parlait ! J'avais appris avec le temps à ne pas voir Allah dans chaque gentil en fait je ne le cherchais plus j'étais fatiguée des punitions à l'école et de ne pas revoir grand-frère...Je n'y croyais plus trop ...un peu las peut-être.
Mais cela paraissait être un gentil humain ! Il me fit une piqure et je sombrais dans le sommeil la douleur se fermant avec mes yeux.
Ils mirent un an à m'adopter cette famille du coté de ma mère en France... La première fois que je les vis ce fut six mois après la perte de mes jambes...Le médecin m'avait mis des trucs en fer pour marcher mais ça faisait mal...Et jamais je n'atteignais le bout de la rampe!
« J'y arrive pas ! » pleurais-je.
Mais je recommençais ! Ça faisait très mal mais Allah avait beau avoir fait se bagages de mon cœur et mon esprit il n'en restait pas moins que j'avais promis à un humain qui m'était cher de ne pas me décourager !
J'avais aussi des cours très différents de ceux de l'école l'histoire déjà il n'y avait pas de colère dans les manuels scolaires et donc pas de punition pour moi qui réfléchissais à ma manière !
J'apprenais également la langue du médecin c'était compliqué mais bon...Au bout de six mois je compris qu'une famille, ma famille allait me recueillir et que eux habitaient loin loin!
« Bravo ! » me dit le médecin!
J'avais atteint le bout de la rampe trois fois dont une sans presque m'appuyer ça faisait encore très mal mais j'étais fière de l'avoir compris !
Mais soudain une voix d'enfant dans un autre langue je compris juste :
« Elle ne marchera jamais ? »
Je vis rouge et je me retournais et dis dans ma langue :
« Bien sûr que je marche ! »
Et pour bien lui montrer je fis une nouvelle fois le tour de la rampe rouge de colère malgré la douleur avec mes prothèses! Un instant je crus voir une lueur d'admiration dans son regard !
Six mois plus tard je prenais l'avion avec une dame blonde , un petit garçon de six ans et demi et un monsieur aux yeux comme moi tout bleu, pour la France, il paraît que le médecin avait eu du mal à me faire partir ça avait beau être ma famille...une histoire de frontière...mais grâce à une association il avait pu ...peut-être car mon cœur était fragile et qu'il pouvait s'arrêter à tout moment...sauf si on l'opérait un jour...J'ai pas bien compris …
Je passais la première année en France dans une école où j'avais du mal tout était nouveau et les enfants ici ne comprenaient pas que là bas le balles c'était pas pour jouer...Et que je m'aidais d'une canne pour marcher pas pour jouer non plus! De plus j'avais du mal à comprendre la langue et l'opération du cœur approchait...Pour la première fois la peur de mourir me vint...
Ce fut deux mois et deux semaines avant l'opération et deux mois avant mes dix ans je m'endormais en larmes et je rêvais d'un étrange lieu qui m'apaisa , oh il était flou … Peut-être y avait-il des fleurs peut-être pas je sais juste que c'était bien !
Je refis ce rêve plusieurs fois puis un jour le jour de mes dix ans je marchais dans la rue avec ma canne et un ticket tomba à mes pieds, je me penchais pour le ramasser ...Débuta alors le plus long voyage qui allait me faire peut-être exaucer mon grand souhait que la peur me faisait trahir peu à peu : Ne te décourage jamais !