Nina, ne comprenait pas. Qui était cet homme ? Pourquoi lui avait-il donné cette plume sanglante ? Elle aurait voulu lui demandait la raison de cet étrange cadeau, mais elle n'avait rien pu prononcer. Comme toujours. La locomotive avait cessé son bruit infernal, pourtant la blondinette continuait de regardait ses pieds. Elle ne voulait pas sortir, elle avait peur de se retrouver totalement autre part, là où elle n'aurait plus aucun repère. Elle était un petit insecte qui faisait face à une forêt sans fin. Elle serra entre les doigts le présent du garçon, ferma le yeux, et elle pria pour qu'elle se réveille de ce train. Mais elle n'était pas une magicienne ou même une sorcière. Ses prière n'atteindraient jamais personne, elle le savait déjà depuis longtemps, mais elle ne connaissait pas d'autre moyen de calmer ses peurs.

Ses pupilles noisettes durent affronter la vérité, elle voyait toujours cette banquette brune d'une autre époque devant elle. Tremblotante, elle rangea la petite plume dans son long manteau beige qui était parfaitement plié à côté d'elle, se rétablissant sur ses ballerines sombres parfaitement cirées. Elle tira sur sa robe pastelle pour être sûre que son jupon blanc ne dépassait pas. Elle remonta aussi ses chaussettes rayées bleues et blanches, avant de boutonner sa veste cape et remit son sac de cours sur sa frêle épaule. Elle s'était levée ce matin pour aller à l'école au départ, pas pour prendre le train. Elle se sentait vraiment fautive de s'être laissé harpée par ce transport enchanté. Peut-être avait-elle espéré qu'il résoudrait tous ses problèmes en disparaissant avec elle. Bien entendu un tel accoutrement était probablement trop chaud pour l'atmosphère douce de ce monde. Mais sentir l'odeur de ses vêtements la rassurait alors que tout semblait si différent...

La première chose qu'elle nota en posant son pied sur le quai était sans doute l'immensité de l'océan. L'eau formait une horizon parfaite, comme lorsqu'elle était gelée en Estonie quand les jours duraient un clignement de paupières. Elle en oubliait presque qu'elle était autre part, dans un autre pays, dans un autre continent. Un autre monde. Elle serra la brettelle de son sac, maintenant qu'elle tentait de savoir où elle pouvait se trouver. De grandes arches de pierre dissimulaient les terres, gardant sans doute les plus beaux secrets de cet étrange univers. La jeune estonienne reprit une bouffée d'air pour calmer son cœur palpitant, se concentrant sur les pavés qui menaient de l'autre côté de l'édifice. Elle avait peur qu'en relevant la tête, elle ferait face à sa mère ou son père pour avoir raté les cours. Elle était effrayée de se retrouver devant le grand brun de sa classe qui l'appelait la coincée. C'était comme ça que ses rêves se passaient, du moins avant qu'elle ait ces visions. Ce lieu qui était revenait de plus en plus souvent quand elle n'était plus conscience. Ce lieu où l'angoisse était un lointain souvenir.

Mais le monde avait encore changé, telle une pièce en rotation. L'autre face était visible, celle d'une grande allée où les passants sans visage évoluaient près du canal. D'où venait cette impression de déjà-vu ? Nina avança de quelques pas, tournant ces pupilles où les autres humanoïdes n'étaient pas. Elle ne pouvait pas les appeler humains, ils étaient trop différents d'elle. Ils n'avaient pas de nez, pas de bouche, pas de yeux. Ils étaient de vrais abominations. Mais le court d'eau offrait un spectacle qui lui fit rapidement oublier ces pantins sans personnalité. Quelque fois, elle voyait un poisson irisé qui planait au dessus de la pellicule d'eau, comme si la gravité avait cessé d'exister pour ces spécimens fabuleux. Elle ne put s'empêcher de trouver cela magnifique, même si à côté d'elle, les mannequins continuaient à s'agiter autour d'elle. Mais étrangement, elle sentait qu'ils ne lui feraient rien. Elle était si effacée, si insignifiante, surtout ils ne pouvaient pas la voir. On ne reconnaissait pas une personne à ses pas, alors tant qu'elle évitait l'impact avec l'un d'entre eux, personne n'irait à elle. Elle avait l'impression d'être dans un monde de poupée, sans que l'on puisse voir les mains des petites filles déplacer les habitants. Même si elle avait cette terreur qui l'harcelait toujours, tout était si différents ici que cette sensation d'être égarée était bien plus présente que ces phobies. Elle voulait rencontrer quelqu'un comme elle, quitte à ce que soit un de ces adolescents qui se moquait d'elle, ou même ce professeur qui la forçait à parler. Malgré toute l'animation de l'avenue, elle se sentait seule, abandonnée de ceux qui l'avait toujours protéger. Alors, même émerveillée par tout ce qu'elle ne saisissait pas, elle sentit que les larmes n'étaient jamais loin.

Sans se rendre compte, elle avait continué de marcher, et un établissement au dessus des eaux apparut dans son horizon. Il possédait un charme d'un autre temps, celle des costumes et des robes bouffantes, aussi de la fumée des premières locomotives. Nina avala sa salive, et prise d'une curiosité réservée, elle poussa timidement la porte de l'hôtel. C'était du moins ce qu'elle put conclure à la vue du comptoir parfaitement verni. La réception était grande, richement décoré. Elle avait l'impression de s'être retrouver dans l'une de ses enseignes où seuls les stars pouvaient s'offrir une nuit. Mais l'inspection fut de courte durée, car déjà deux employés accourraient vers elle. Elle voulu sortir, s'enfuir, mais l'homme avait était plus rapide qu'elle et s'était mise entre elle et la porte. Elle releva les yeux vers celui qui voulait la garder captif. Il tomba sur un sourire parfaitement jaugée et de grands yeux noirs. Un instant son visage s'illumina à l'idée de comprendre un peu mieux la situation. Mais son bonheur fut éphémère. Il semblait heureux qu'elle avait trouvé ce lieu facilement et la jeune femme qui l'accompagnait lui souhaitait la bienvenue dans l'hôtel hallucinant. Quelque chose la dérangeait dans leur parole. Ce ton si parfait, cette gestuelle … Ils n'étaient pas comme elle, où à moins que c'était elle qui n'était pas comme les autres. La voyant totalement figée, ils la poussèrent jusqu'à l'accueil, lui précisant qu'il y avait une chambre pour elle. On lui demanda si c'était bien elle et sans attendre de réponse on lui tendit la clé. Elle aurait voulu protester, leur dire qu'elle ne connaissait pas cet endroit et il était peu probable que sa famille ait les moyens de payer un lieu si luxueux, mais rien à faire, aucun son ne sortit de ses lèvres. Elle se résigna, attrapant le porte-clé où un magnifique cent un y trônait. A vrai dire, on aurait pu lui demander de danser le tango qu'elle aurait trouvé ça normal.

Trouver la chambre ne fut pas l'une des épreuves les plus simples de la journée. Elle avait beau savoir qu'elle se trouvait à l'étage, tout était si grand ici qu'elle se perdit dans les couloirs. Elle avait croisé un jeune homme dans son expédition, mais son regard acéré ne lui donnait pas la force de lui demander son chemin. A vrai dire, s'il y avait eu une porte ouverte, elle aurait sans doute accouru pour de pas avoir à le croiser. Heureusement, il ne lui adressa pas la parole et elle put continuer ses recherches. Elle se demanda qui pouvait-être cet inconnu, mais rapidement elle chassa cette question de son esprit. C'était un méchant, tout ce qu'elle voulait, c'était de ne plus jamais le recroiser.

Enfin, elle arriva dans le bon couloirs, là où elle trouva la porte massif qui portait le même numéro que celui de sa clé. Elle ouvrit donc cette dernière, découvrant une chambre assez spacieuse, du moins par rapport à la pièce où elle vivait avec ses deux grandes sœurs. Elle referma derrière elle à clé et elle posa son sac à côté du lit, se débarrassant de son manteau qu'elle posa sur le porte manteau adéquate. Elle se laissa tomber sur le lit sans enlever ses chaussures, complétement vidée par toute la tension qu'elle avait pu avoir au cours de cette matinée. Les paupières se firent lourdes, et elle s'endormit, songeant qu'elle se réveillait peut-être en réalité. Au fond, peut-être qu'elle aurait aimé que tout ceci ne soit qu'une bulle dans sa vie, un moment où elle perdait pied. Elle avait l'impression d'être Alice, son terrier étant ce train qui l'avait emmené dans ce monde étrange...

Nina ne sut pas combien de temps elle avait somnolé, mais elle n'était pas retournée chez elle pour autant. C'était la même pièce froide, les mêmes rideaux. Tout ce qui avait changé, c'était peut-être cette faim accentuée qui prenait son abdomen en otage. Elle se résolut donc à sortir de son trou, du moins pour trouver quelque chose à grignoter. Avait-elle besoin de son manteau ? Mieux valait être prévoyante. Elle rangea la clé dans sa poche qui contenait la plume et elle enfila sa veste avant de poser le pied dehors.

Quelque fois, le destin était bien joueur. Alors qu'elle venait de fermer derrière elle, son voisin de chambre eut la même idée qu'elle, c'est-à-dire de s'extraire de sa demeure. Il était grand, enfin presque tout le monde était grand pour la petite demoiselle. Mais ce qui la marqua d'avantage, était cette étrange chevelure. Aussi blanche que la neige, celle que l'on donnerait pour des centenaires. Pourtant le reste de sa physionomie le rendait plus jeune. Quelle âge pouvait-il bien avoir ?

Soudain elle réalisa que ce n'était pas forcément très polie de fixer ainsi un adulte. Il fallait qu'elle parle et vite. Elle baissa la tête, cherchant tout le courage qu'elle put et après une grande inspiration, elle bégaya :

« J-j-jje su-suis désolée ! J-Je ne vou-voulais pas vous regar-garder... »

Maintenant rouge pivoine, serra sa robe pour calmer son cœur déchainé. Mon dieu qu'est-ce qu'elle venait de dire ? Elle avait l'impression d'avoir une stalkeuse qui s'excusait de le chasser. En plus son ventre avait choisi le pire moment pour acclamer sa présence. Un gargouillement digne d'un géant.

Elle voulait s'enterrer, et le plus rapidement possible. Elle avait tellement honte.

La voix de l'inconnu gazouillait comme le frétillement au pied d'une maigre cascade sur les rochers. La jeune demoiselle releva la tête, le regard encore un peu fuyant, mais déjà la perplexité envahit ses prunelles boisées. Elle dévisageait l'adulte à la chevelure neige, n'étant pas vraiment certaine de l'attitude à adopter envers cet inconnu. Sa voix était douce, peut-être un peu trop pour être innocente. En même temps il y avait quelque chose d'étrange à s'adresser ainsi à une passante qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam. Mais il était différent des poupées qui dansaient dans les rues de la ville, ou même des employés aussi faux que du carton mâché. Même si ce sourire n'avait rien de très rassurant, il avait au moins cette saveur qui manquait chez les autres habitants de la citée. C'était peut-être un escro, voir même un fétichiste de jeunes filles, tout était possible après tout. Mais malgré cette pensée censée et cette réserve, elle se sentait seule. Même si c'était une mauvaise personne, il était un repère dans ce monde qu'elle ne comprenait plus.

Elle dévia ses pupilles, réfléchissant à sa proposition et en se tenant un de ses bras. Un nouveau gargouillis retentit dans le couloir, pour rappeler à la jeune nordique que si elle ne mangeait pas un bout, elle allait probablement se sentir encore plus mal qu'elle ne l'était déjà. Même si elle ne lui faisait pas vraiment confiance, elle restait la personne la plus normale qu'elle avait pu croiser jusqu'à présent. Et puis, elle avait peur de rencontrer de nouveau les réceptionniste. Entre un adulte un peu trop mielleux ou des employés trop persistants, le choix était rapide. Elle hocha alors doucement la tête en guise d'approbation. Mais déjà elle tourna la tête pour ne plus regarder son visage, les joues encore rosées. Elle ne voulait pas rester longtemps dans l'immense allée, l'homme aux regard sombre pourrait repasser et, cette fois, elle ne croirait pas à une coïncidence. Surtout, elle ne pourrait pas se cacher avec un compagnon si grand.

Mais déjà, elle sembla indécise. Parcourant d'un bout à l'autre le corridor du fabuleux hôtel de ses pupilles écorces, ses jambes ne semblaient pas capable de se mouvoir. Elle ne savait pas où aller ou plutôt elle ne savait plus d'où elle venait. Il serait probablement plus efficace de retourner à l'accueil, de là il serait plus simple de se localiser dans la bâtisse. Mais avec son angoisse, elle n'avait que regardé ses pieds durant son périple sauf pour voir les numéros autour d'elle, mais maintenant elle regrettait cette lâcheté. Elle était perdue, ou plutôt elle avait peur de s'égarer d'avantage. Nina releva un peu la tête et elle soupira, tentant de trouver une solution à son problème. Peut-être devrait-elle demander à l'homme, mais déjà elle se sentait trembler de toute part. Ce n'était pas la mer à boire pourtant, il s'agissait juste de demander le chemin. Mais déjà elle s'imaginait bafouiller, bégayer. Alors l'effroi s'infiltra dans sa tête et dans son corps, comme une mauvaise grippe...

Elle resta un bon moment dans cette état de terreur inerte. Elle ne bougeait pas, seuls ses yeux cherchant la solution dans le monde des ombres étaient la preuve que quelque chose se passait dans cette coquille fragile. Au final elle attrapa la manche du jeune homme, de peur qu'il s'en aille avant qu'elle puisse prononcer ce qu'elle avait à dire. Elle déglutit, murmurant à demi-voix.

«  … L'e-entrée... »

Elle n'avait pas été capable de prononcer d'avantage, elle n'était d'ailleurs même pas certaine qu'il l'aie entendu. Elle voulait retourner dans sa chambre pour se cacher de l'homme tellement elle se sentait embarrassée. Il la prendrait pour une idiote, une demeurée, elle en était certaine. Mais si elle ne voulait pas mourir de faim, il lui faudrait bien communiquer un minimum avec les autochtones, du moins jusqu'à qu'elle trouve un moyen de rentrer chez elle. Bon il y avait bien une chance que sa présence dans cet étrange univers était simplement pour servir de festin, même s'il n'y avait pas grand chose à se mettre sous la dent vu sa physionomie. Mais la situation était tellement dépaysante qu'elle se disait qu'elle n'avait rien à perdre à tenter converser avec son voisin de chambre. Bien entendu, elle avait peur, mais peut-être qu'ainsi, à force d’entraînement, elle pourrait parler correctement. Il n'y avait rien de mal à rêver …

Nina entendait que trop bien leurs voix, c'était pour cela qu'elle faisait mine de ne pas les entendre. Tant qu'elle cachait ses yeux, tant qu'elle se taisait, peut-être qu'on lui pardonnerait de ne pas pouvoir avancer sans provoquer des catastrophes. Ces trop pleins d'attention, comme si elle était une princesse d'un riche royaume, elle les détestait autant qu'elle-même. Elle ne méritait pas cela, elle était un petit animal qui gênait les grands de ce monde, un faible oisillon qui finirait par mourir d'épuisement à force de ne pas pouvoir piailler sa présence. Même si les employés pouvaient sembler être le plus gentil du monde, elle percevait bien différemment leurs questions. ''Alors tu n'es pas capable de ne pas te blesser ?'' '“Il te faut un médecin pour prouver que tu es misérable?”' Elle en avait assez, elle voulait qu'on la laisse seul, qu'on ne cherche plus à savoir comment elle allait. De toute façon elle n'était même pas capable de leur répondre ! Oui, il ne pourrait jamais être chose que la pitoyable enfant qu'elle était... Elle ne pourrait jamais grandir.

Et pourtant, lui il l'avait comprit. L'adulte les avait priés de partir, qu'il s'occuperait de la situation seul. Savoir qu'elle lui faisait offense n'aurait pas dû la rassurer, mais il avait semblé qu'il avait saisi qu'elle ne voulait plus leur faire face. L'homme aux cheveux blancs étaient différents d'eux, il n'avait pas cette voix fausse, au moins elle savait à qui elle faisait face. Alors cette fois, elle ne put retenir ses larmes. Peut-être ne devrait-elle ne devrait-elle pas se jeter aussi rapidement dans les oubliettes, il y avait tant de personnes à qui elle devait s'excusait dans ce monde. Sa mère, son père, ses sœurs, ses amis, cet homme... Alors il faudrait encore réussir à se lever, aussi elle devait tenter de ne pas se cacher indéfiniment, elle savait que c'était inutile. Alors, quand les pas s'éloignèrent et que ce fut son tour de la questionner elle secoua sa tête, cachant en encore son visage. Elle survivrait, mais elle avait besoin encore de quelques secondes pour calmer ses larmes et quitter le tapis.

Même si elle avait été une vrai maladroite, il lui avait enfin donné son nom. Lucius, comme la lumière solaire, comme ses cheveux trop clairs pour être vrai. Elle inspira une dernière fois et l'estonienne enleva ses mains, dévoilant ses yeux rouges à cause de ses pleurs. Encore un petit effort, juste un tout petit pour enfin quitter le sol. Elle eut toutes les peines du monde à se remettre sur ses jambes tremblantes, pourtant elle n'était pas blessée, sauf si la peur pouvait être considérée comme une blessure. Alors elle se tourna vers son voisin de chambre et elle esquissa maladroitement un sourire qui ressemblait plus à une grimace qu'autre chose. Un « Merci » s'échappa de ses lèvres sèches et elle avait enfin réussi.. Elle savait que ce n'était pas assez pour exprimer sa gratitude, mais cela était mieux qu'un silence gêné. Elle essuya ses larmes, comme pour effacer ses erreurs. Elle devait trouver le restaurant, au moins elle aurait servi à quelque chose.

Ce ne fut qu'à cet instant qu'elle réalisa qu'ils étaient seuls. Le personnel avait abandonné le navire en route il fallait croire. Alors que ses pupilles brunes inspectaient les lieux, elle repéra enfin le panneau d'affichage. Sa mine s'illumina, alors qu'elle mémorisa l’itinéraire du restaurant, car c'était là où il y avait plus de chance de trouver quelque chose à manger et à boire. Puis dans sa tête, elle imaginait le bar comme ceux de sa ville, là où la fumée étouffante des cigarettes et les hommes aux pensées destructrices ne pouvait qu'être. Non ce n'était définitivement pas un endroit où elle voudrait aller. elle zieuta du coin de l’œil Lucius, se demandant ce que lui désirait. Elle était celle qui avait faim, elle ne pouvait pas le forcer à vouloir passer un temps innombrable pour commander, car elle croyait naïvement qu'il s'agissait de ces enseignes riches avec le serveur pingouin et le violon qui résonnait dans la salle. Elle soupira, ne sachant exactement ce qu'elle devait faire. Devait-elle attendre que son camarade agisse ? Elle fixait ses godasses, grimaçant légèrement. Mais une question naquit dans sa tête. Elle était pourtant stupide, mais peu à peu elle grandissait, prenant toute la place dans sa cervelle. Elle leva timidement les yeux, et elle osa demander, les joues pivoines :

« Euhm, v-vous pensez-sez qu-qu'ils a-a-acceptent les eu-eu-euros ? »

Oui, c'était une question qui pouvait paraître déplacée, mais elle était existentielle. Même si cette ville était bien différente de son pays natal, mais elle ne connaissait pas d'autre monde. Mais si la chambre semblait gratuite comme si on l'avait attendue depuis une éternité, elle doutait qu'il n'y ait pas de conséquence. Elle n'avait pas grands choses avec elle, après tout elle n'avait pas prévu de se retrouver dans un hôtel si luxueux. Elle s'avança doucement en direction du couloir, n'attendant pas la réponse de son camarade. Elle devait prouver qu'elle pouvait être autre chose qu'un poids. Alors elle pourrait se tenir à côté de ce Blanche-neige masculin. Ou du moins elle voulait se faire pardonner de cette chute ridicule.